Les conflits entre les enfants : quelles solutions ?
Les conflits dans les fratries sont fréquents, et dans une certaine mesure, ils sont tout à fait naturels et même positifs. Une certaine rivalité est inévitable, principalement parce qu’il n’est jamais simple de vivre sous le même toit avec quelqu’un. C’est encore plus vrai pour les enfants qui sont trop immatures pour comprendre pleinement certaines situations, pour savoir se mettre à la place de l’autre et pour être aptes à résoudre les conflits de manière civilisée.
Bien que le fait d’avoir des frères et sœurs permette à l’enfant de partager les joies de l’enfance, les jeux, les rires et les bêtises, grandir dans une fratrie signifie aussi partager constamment l’attention et l’affection des parents, se comparer à l’autre, être confronté aux sentiments de frustration et d’injustice. Et en même temps, la vie dans la fratrie est source d’apprentissages infinis. A l’image des lionceaux qui apprennent à chasser, à se battre et à survivre grâce aux jeux avec les autres petits, grandir dans une fratrie permet à l’enfant de développer et de mettre en pratique de nombreuses compétences émotionnelles et relationnelles dans un cadre familier et réconfortant que représente pour lui sa famille.
Afin que chaque enfant puisse trouver sa place dans la fratrie et retirer le maximum des situations d’adversité, les parents devront adopter une attitude bienveillante et compréhensive pour pouvoir guider les enfants vers des résolutions de problèmes de manière collaborative, constructive et respectueuse. Selon certaines études, les enfants passent environ 35 % de leur temps avec leurs frères et sœurs, c’est plus qu’avec leurs parents ou même avec leurs amis. Les interactions et les relations dans les fratries jouent ainsi un rôle important dans le développement de la personnalité de l’enfant, sa confiance en soi et son bien-être.
Alors, plus concrètement, que pouvez-vous faire en tant que parents pour favoriser la bonne entente entre vos enfants ? Ennemis ou amis pour la vie ? Je vous propose 5 clés pour apaiser les relations et renforcer la complicité entre les enfants.
Afin de retirer le maximum de ces techniques, appliquez-les une à une, en commençant par la plus simple pour vous. Je vous suggère de vous focaliser sur 1 résolution par semaine, en alimentant et en complétant la suivante avec les résultats de la précédente. Ainsi, au bout de 5 semaines, vous aurez intégré ces 5 principes durablement et avec succès.
1. Observez et ajustez votre propre attitude
Pour apprendre à gérer leurs émotions et à résoudre efficacement les situations conflictuelles, les enfants ont besoin de nous. Par le processus de co-régulation émotionnelle, nos réactions auront un impact direct sur l’état émotionnel de l’enfant. L’inverse est possible aussi. Les émotions négatives de nos enfants en dispute peuvent nous emporter avec elles en nous faisant perdre notre contrôle de soi et nos capacités de raisonnement. Il est important d’être conscient de ce phénomène quand on intervient dans un conflit entre les enfants.
Mes conseils :
– Observez votre propre façon de communiquer. Avec vos enfants mais aussi avec votre conjoint. Communiquez-vous de façon polie, respectueuse, bienveillante ? Comment réagissez-vous dans les moments de crise ? Comment communiquez-vous votre point de vue à la personne en face ? Savez-vous contrôler vos émotions ? Rappelez-vous que les enfants apprennent plus de ce qu’ils voient (votre exemple) que de ce qu’ils entendent (vos leçons de morale ou vos consignes).
– Dans le feu de l’action, lorsque vous vous sentez perdre patience, il est préférable de se retirer 2 minutes pour retrouver votre calme avant d’intervenir. Si l’ambiance vire à la bagarre, séparez les enfants et éloignez-les l’un de l’autre, puis isolez-vous. Ne revenez que lorsque vous vous sentez en mesure de résoudre le conflit de manière adulte.
– Restez neutre et évitez de faire le justicier. Notre intuition peut parfois nous jouer de mauvais tours. En effet, notre instinct nous poussera à protéger et à prendre le parti de l’enfant qui pleure, de l’enfant plus jeune, plus faible physiquement, ou encore de celui avec qui nous avons une meilleure relation. En réalité, nous ne connaissons que rarement la vraie cause du conflit. Ainsi, afin d’éviter d’alimenter l’animosité entre les enfants par votre propre réaction, séparez les enfants et écoutez-les chacun à son tour en commençant par celui qui semble souffrir le plus de la situation. Quand les enfants sont calmés, cherchez des solutions ensemble pour éviter ce genre de dispute à l’avenir.
2. Consolidez la relation avec chacun des enfants
L’amour parental est LA raison principale des conflits. Ainsi, pour favoriser la bonne entente entre vos enfants, renforcez la relation avec chacun des enfants. Multipliez les moments de connexion. Accordez à chacun des moments où il se sent entendu, compris, aimé. Caressez la tête du cadet pendant que vous faites les devoirs avec l’ainé, parlez avec votre ado pendant que vous donnez le repas au plus jeune. Faites un bisou inattendu en croisant votre enfant dans l’escalier, souriez-lui en croisant son regard. Soyez créatif. Votre but est de montrez à chacun qu’il compte pour vous et qu’il a sa propre place privilégiée dans votre cœur. Plus votre relation avec vos enfants sera bonne, mieux ils s’entendront entre eux.
3. Instillez du positif dans les interactions entre les enfants
Créez des opportunités qui permettront aux enfants de se rapprocher et de pleinement apprécier la compagnie de l’autre. Si vos enfants ont un grand écart d’âge, proposez à l’ainé de prendre soin du petit, impliquez-le dans les soins, les repas et le bain. On sous-estime souvent les capacités et la bonne volonté des grands à l’égard de leurs cadets. Quel que soit l’âge et le nombre d’enfants, trouvez des moments de partage et de plaisir ensemble. Des repas en famille, des soirées télé, des jeux de sociétés où les enfants affrontent les parents, des batailles de polochons, des parties de cache-cache où les petits cherchent les parents ou vice versa. Ou encore, des sorties en famille ou des jeux à l’extérieur pendant lesquels les grands prendront autant de plaisir que les petits.
4. Briefez les enfants
Les enfants manquent de maturité et donc de capacités dans la résolution des conflits. De nombreux adultes ne savent pas bien gérer les situations conflictuelles, que peut-on exiger d’un enfant ? Au lieu de vous énerver et de dire ce qu’il ne faut pas faire, soyez factuel, neutre, dites et montrez avec clarté et précision comment il faut faire, parler et interagir avec l’autre de façon respectueuse. Ainsi, au lieu de crier : « Rends-lui ce jouet ». Dites : « C’est le jouet de ton frère. Demande-lui si tu peux l’emprunter pour quelques minutes ». Armez-vous de patience. Grâce à votre accompagnement patient et bienveillant, les enfants apprendront à se respecter et à communiquer, ce qui les aidera non seulement dans les relations en famille mais aussi à l’extérieur du cocon familial : à l’école ou entre amis.
5. Établissez la routine et ajustez l’environnement familial
Dans les familles où l’ordre (partage des jouets, des tâches, des responsabilités) est bien établi, il y a moins de disputes. Les enfants ont un sens de la justice extrêmement aigu. Ils sont ainsi plus enclins à coopérer et à accepter les réalités de la vie quand les règles sont claires et respectées par tous. La famille est une mini-communauté, et comme dans toutes les communautés, le règlement est indispensable. Établissement d’abord pour vous-même et votre conjoint, puis communiquez-le aux enfants (s’ils sont déjà grands, vous pouvez les impliquer dans la mise en place de nouvelles règles).
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